Previous Page  39 / 60 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 39 / 60 Next Page
Page Background

Journal du Barreau de Marseille

numéro 1 - 2017

37

Cette lecture a éveillé quelque chose en moi, une

volonté de répondre à un besoin de justice, un sou-

hait ardent de rétablir les déséquilibres sociaux. Je

n’ai eu aucune d’hésitation, c’était magistrat et non

pas avocat. Il me semblait que la justice ne pouvait

être assurée que par celui qui prononce la décision,

celui qui est en bout de chaîne. C’est ainsi qu’après

l’École Nationale de la Magistrature, j’ai tout de suite

occupé un poste de juge d’instance. Cela a été une

révélation, je ne m’étais pas trompée de voie.

J’ai ainsi compris que la justice de proximité était es-

sentielle. Ce n’est certes pas la justice la plus

médiatique, mais c’est celle qui répond aux préoccu-

pations quotidiennes des citoyens, celles relatives à

leur logement, leurs crédits, leurs factures, leurs rela-

tions avec le voisinage. Étant une femme d’action, je

n’ai pas hésité à me transporter sur les lieux quand la

solution pouvait s’y trouver, j’ai tenté et réussi de très

nombreuses conciliations.

Dans les Années qui ont suivi, j’ai présidé quelques

juridictions, le tribunal de grande instance d’Ales

dans le Gard, le tribunal d’instance de Nice puis le

tribunal de grande instance de Bastia, où j’ai pu rem-

SOLANGE LEGRAS,

Avocat général à la cour d’appel d’Aix-en-Provence

Madame Solange Legras est avocat

général à la Cour d’appel d’Aix-

en-Provence

et

chargée

plus

particulièrement de la coopération

internationale, elle assure actuellement

par intérim les fonctions de procureur

général.

Farouchement attachée à l’unité du

corps de magistrat, elle ne souhaite pas

faire le distinguo entre siège et parquet,

et regrette profondément le fossé qui se

creuse entre avocats et magistrats, qui

appartiennent à la même famille.

JDB : POURRIEZ-VOUS NOUS RAPPELER

VOTRE PARCOURS ?

SOLANGE LEGRAS :

Je suis actuellement avocat

General près la cour d’appel d’Aix en Provence, et

plus particulièrement chargée de la coopération in-

ternationale. Mais pour l’heure, j’assure par intérim

les fonctions de procureur général dans l’attente de

la nomination et l’installation de notre prochain Chef

de Cour. Magistrat maintenant depuis 37 ans. J’ai eu

un parcours un peu particulier parce qu’avant d’être

magistrat du Ministère public, j’ai été magistrat du

siège pendant 24 ans, à la différence de beaucoup

de mes collègues qui font un parcours inverse.

POURQUOI CE CURSUS ?

C’est un peu particulier, parce que d’abord ma voca-

tion est ancienne, j’ai, depuis mon adolescence tou-

jours voulu être magistrat.

C’est la lecture du livre de Gilbert Cesbron « Chiens

perdus sans collier » qui traite de l’enfance délin-

quante, qui m’a donné envie de suivre ce chemin.

Femmes

de justice

DOSSIER