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Journal du Barreau de Marseille

numéro 1 - 2017

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tras modernes. Nous retrouvons en un clic une juris-

prudence d’avant-guerre qui va nous servir à tran-

cher un litige du XXIème siècle. C’est aussi le charme

de notre ordre de juridiction, un cadre juridique de

pensée qui absorbe la nouveauté du texte sans ou-

blier la tradition du raisonnement et des principes

du droit.

La formation a évidemment beaucoup d’importance

pour la solidité de cette passerelle entre le passé, le

présent et le futur. Elle est le plus souvent organisée

par le Conseil d’État, mais nous offrons également

des formations internes destinées à répondre à un

besoin ponctuel immédiat et qui peuvent durer une

journée ou 10 minutes ... Nous organisons aussi des

séminaires avec des enseignants du Groupe de re-

cherches et d’étude du droit de l’immobilier, de

l’aménagement, de l’urbanisme et de la construction

de l’Université d’Aix-Marseille.

QUELLES SONT VOS PRIORITÉS POUR LES

PROCHAINES ANNÉES NOTAMMENT AU RE-

GARD DE L’APPLICATION DE LA J21 ET DE LA

JUSTICE ADMINISTRATIVE DE DEMAIN ?

Les priorités sont celles du service public et la justice.

C’est, comme je le disais, de rendre des arrêts de

qualité et cela passe effectivement par une adapta-

tion aux moyens informatiques. Nous disposons tous

du matériel qui nous per-

met d’utiliser un système

dématérialisé d’échanges

que nous appelons Télére-

cours et d’accéder à toutes

les banques de données

dématérialisées. C’est aussi

un enjeu parce les tranches

d’âge ne sont évidemment

pas homogènes et nous ne

sommes pas tous spontanément tournés vers l’infor-

matique. Mais, maintenant la chose est acquise. Tout

le monde l’utilise, y compris les magistrats, autant

pour rédiger les projets d’arrêt que pour faire des re-

cherches ou encore prendre connaissance et étudier

les mémoires communiqués par les parties via Télé-

recours. Cette application a d’abord été utilisée par

les agents de greffe à partir de la fin de l’année 2013.

Ils y ont été très bien formés et ont continué à l’être.

Ils maîtrisent maintenant parfaitement le système, et

sa généralisation à tous les avocats et les collectivités

publiques au 1er janvier dernier n’a posé aucune dif-

ficulté de notre côté. Du côté avocats non plus d’ail-

leurs. Nous avons eu çà et là quelques demandes de

régularisation, mais qui ont été aussitôt satisfaites. Il

n’y a donc eu aucun problème majeur et c’est une

très agréable surprise parce que cette généralisation

reste une petite révolution. Nous ne recevons plus

désormais aucun document papier des avocats et

des collectivités publiques, une preuve d’ailleurs

aussi de la capacité d’adaptation de nos interlocu-

teurs.

QUELLES SONT VOS RELATIONS AVEC LE BAR-

REAU DE MARSEILLE ?

Justement, Télérecours illustre la qualité de ces rela-

tions. Nous avons organisé plusieurs réunions avec

les avocats du barreau pour présenter l’application

et en expliquer le fonctionnement, mais aussi pour

répondre aux nombreuses questions. Questions qui

sont également souvent posées par téléphone aux

agents de greffe qui aident volontiers vos confrères

quand ils se heurtent à quelques difficultés.

Au cours de l’une de ces réunions, nous avons éga-

lement abordé les réformes récemment introduites

dans la procédure devant les juridictions administra-

tives. La qualité de cette rencontre nous a d’ailleurs

incités à nous promettre de recommencer, ce que

nous ferons dans la seconde partie de cette année.

À L’OCCASION DE LA JOURNÉE INTERNATIO-

NALE DES DROITS DE FEMMES, EST-CE QUE

VOUS AVEZ UN REGARD OU UN MESSAGE

PARTICULIER À DÉLIVRER ?

Je n’ai sans doute aucune légitimité à délivrer un

message en tant que chef de juridiction. Si je dois

parler en tant que

femme, je n’ai pas non

plus de leçon à donner.

Je crois que nous respi-

rons toutes mieux, et

beaucoup d’hommes

aussi bien sûr, quand les

graves difficultés aux-

quelles sont confron-

tées certaines de nos

semblables auront totalement disparu de nos socié-

tés. Ce jour-là sera un grand bonheur, s’il arrive, et il

faut continuer, coûte que coûte, à y tendre.

S’il existe une journée de la femme, cela signifie que

nous sommes des sujets à protéger, et il y a effective-

ment des situations où les femmes doivent absolu-

ment l’être. Cela dit, et en dehors de ces situations, je

dirais simplement que la faiblesse est d’abord une

sensation et il faudrait que nous y réfléchissions

toutes chaque jour. Si nous avons la chance d’avoir

une existence à peu près normale, il faut peut-être

sortir de ce schéma de faiblesse, sans bien sûr nier ce

que nous sommes, mais en remettant à leur juste

place ces notions de force et de faiblesse, en recher-

chant leur réalité au-delà d’une approche triviale. Si je

résume par une image, levons la tête, regardons droit

devant nous et avançons. Nous en avons le devoir.

DOSSIER

(...) levons la tête,

regardons droit devant nous

et avançons.

Femmes

de justice