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Journal du Barreau de Marseille
numéro 1 - 2017
40
COMMENT VOYEZ-VOUS LA MISE EN PLACE
DE LA JUSTICE DU 21ÈME SIÈCLE ET NOTAM-
MENT LES MARD ?
C’est devant nous. Même s'il existe une réelle dyna-
mique dans le département, les conciliateurs et les
médiateurs étant déjà très présents, nous allons de-
voir nous engager plus fortement dans le dévelop-
pement des MARD. Il faut rendre plus habituel, en
France, ce mode de règlement des litiges et faire du
juge le recours ultime. La justice du 21ème siècle,
c’est aussi à court terme, la création à Marseille d’un
service d’accès unique du justiciable, le « SAUJ ». La
question de sa localisation est très importante,
puisque on ne peut pas pousser les murs. L’autre
gros défi, c’est l'intégration du tribunal des affaires
sociales au TGI ; c’est un défi considérable pour Mar-
seille puisque son TASS est le plus chargé de France
avec 18 000 procédures qu’il faudra traiter d’ici jan-
vier 2019. Ce sont plus de 50 personnes qu’il faudra
accueillir. Pour moi, c’est le chantier le plus important
du tribunal pour les deux ans qui viennent.
S’AGISSANT DES MARD, IL EXISTE UNE IN-
QUIÉTUDE PAS SEULEMENT CHEZ LES AVO-
CATS, CONCERNANT UNE PRIVATISATION DE
LA JUSTICE. QUEL EST VOTRE SENTIMENT À
CE SUJET ?
Il ne faut jamais crier avant d’avoir mal : je pense que
nous avons beaucoup de retard par rapport aux
pays anglo-saxons ; or les modes alternatives de rè-
glements des conflits ont toute leur place dans notre
système. C'est la logique même de la réforme du di-
vorce, ne plus demander au juge de valider des ac-
cords pris par des gens suffisamment matures pour
s’accorder. Je souhaiterais qu’avec le barreau nous
étudions comment les avocats s’emparent de cette
réforme ; si elle génère des saisines différentes de la
juridiction ? Si les justiciables vont avoir peur de ne
plus passer devant un juge ? Tout cela devra être ob-
servé ; dans ce genre de réforme, il y a une dimen-
sion juridique, bien entendu, mais il y a aussi une di-
mension sociologique qui mérite d’être examinée.
On y verra plus clair au mois de juin.
QUEL EST VOTRE REGARD SUR LA JOURNÉE
DE LA FEMME ?
Je suis vice-présidente de l’association des femmes
de justice, créée il y a deux ans, au ministère de la
Justice par un certain nombre de femmes de diffé-
rents secteurs de la justice, des magistrates,
des greffières, des directrices de l’administration pé-
nitentiaire et de la protection judiciaire de la jeu-
nesse. Nous avons décidé de créer cette association
à l’image d’autres femmes, du ministère de l’Inté-
rieur, des Affaires étrangères, de la Recherche. Pour-
quoi ? Parce que la question du plafond de verre
reste assez forte notamment dans la haute fonction
publique. Passé un certain niveau, on voit bien que
les femmes restent encore très minoritaires. Parmi les
présidents des plus grandes juridictions de France,
du type de Marseille, il n’y a que trois femmes sur
douze…
La justice est un métier qui se féminise ; elle se fémi-
nise aussi chez les avocats et pourtant, il y a une
forme d’impensé. Qu’est-ce que cela induit, génère
comme changement dans la manière de travailler ?
Dans les juridictions, le fait qu’il y ait désormais plus
de jeunes femmes que d’hommes entraine des
conséquences sur la manière de travailler, les ho-
raires, la disponibilité, la mobilité. Cette association
n’a pas été créée pour défendre les femmes contre
les hommes, ni dans la magistrature, ni dans aucun
des autres corps du ministère de la Justice, mais
pour obliger en quelque sorte à y penser la place
des femmes.
DOSSIER
Femmes
de justice