![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0038.png)
Journal du Barreau de Marseille
numéro 1 - 2017
36
la spécialisation est nécessaire par pôle de compétence. Par
exemple , la matière sociale est particulièrement complexe et
pour y répondre utilement, je pense qu’elle doit être une spé-
cialité. Et il faut également pour parvenir à la justice du 21e siè-
cle, savoir vraiment ce que l’on attend d’un juge. Quel est le rôle
du juge en 2017 ? Est-il là pour tout faire ou est-il là pour appor-
ter à la question posée une valeur ajoutée , en rapport avec la
formation qu’il a reçue ? Le magistrat reçoit une formation de
très haut niveau à l’école de la magistrature qui est l’un des fleu-
rons des grandes écoles françaises et que l’on exporte beau-
coup à l’étranger. Il faut qu’ensuite les litiges qui sont soumis au
juge soient en rapport avec cette formation lourde, ce qui n’est
pas toujours le cas. Il faut arriver à faire le tri, ce qui ne signifie
pas qu’il y ait des contentieux nobles et d’autres moins nobles.
Pour un justiciable, son affaire c’est souvent l’affaire de sa vie,
mais il y a quandmême des dossiers dans lesquels d’autres que
nous pourraient trouver aussi
utilement que nous la solu-
tion. Il y aussi le développe-
ment des modes alternatifs
de règlement des litiges .
Les barreaux y sont eux-
mêmes très impliqués, parce
qu’on s’aperçoit qu’au final
une solution consensuelle
sera mieux acceptée qu’une
décision qui vient d’en haut
et qui ne sera pas toujours
comprise. Donc, on le voit, de véritables enjeux sont face à nous
: réorganiser l’institution pour mieux répondre aux attentes de
nos concitoyens en réorientant le rôle et la mission du Juge.
EST-CE QUE VOUS AVEZ UN MESSAGE PARTICULIER, OU
UN SENTIMENT OU UN MESSAGE PERSONNEL À
ADRESSER À L’OCCASION DE LA JOURNÉE INTERNATIO-
NALE DES DROITS DES FEMMES ?
J’ai eu l’occasion plusieurs fois de parler avec votre Bâtonnière
de ce sujet d’une journée pour le droit des femmes. La parité
sera totalement gagnée quand il n’y aura plus besoin de faire
ce genre de journée, puisqu’on ne fait pas une journée iden-
tique pour les hommes . Pour moi faire une journée des
femmes, c’est un peu réducteur. Mais, force est de reconnaître
qu’il y a encore du travail pour arriver totalement à la parité, no-
tamment dans les postes de responsabilité. Aujourd’hui, il y a au
niveau du concours d’entrée à la magistrature, à peu près 80 %
de femmes. Il faudra peut-être développer la parité dans l’autre
sens un jour ! Mais sur les postes de responsabilité, notamment
de présidents de tribunaux , le Conseil supérieur de la magis-
trature propose plus de 40 % de femmes. C’est beaucoup
moins vrai sur les postes de premier président, parce qu’il faut le
temps pour que ce fameux plafond de verre disparaisse. C’est
pourquoi, il faut aussi avoir des actions incitatives. L’accès aux
postes de responsabilité dans la magistrature, comme un peu
dans tous les hauts postes de l’État, nécessite encore au-
jourd’hui une mobilité géographique qui n’est pas toujours
compatible avec les obligations familiales, même si, quand on
arrive à ce niveau de responsabilité, les obligations familiales ne
sont plus les mêmes qu’au début de la vie professionnelle. Le
Conseil supérieur de la magistrature travaille sur ce sujet. Les no-
minations, doivent être le reflet de la société. La parité doit être
quelque chose de naturel, et il ne doit plus y avoir de sujet à par-
ler d’une femme premier président ou d’une femme président
d’une juridiction.
MERCI BEAUCOUP. ALORS, SUR L’EXPÉRIENCE AU TGI ?
La présidence du tribunal de Marseille a été l’un des plus beaux
postes de mon parcours professionnel, parce que dans ce type
de juridiction se trouvent de grands enjeux pour l’institution ju-
diciaire. Bien sûr, la France ne peut pas être organisée unique-
ment avec des juridictions de cette taille, mais je pense qu’il y a
des questions extrê-
mement importantes
en termes de gestion
des contentieux et
puis d’efficacité de la
réponse qu’on peut
apporter dans des af-
faires de grande com-
plexité . J’entretenais
avec le barreau de
Marseille des liens très
privilégiés. C’est un
barreau extrêmement dynamique, tonique, les relations sont très
simples avec le barreau de Marseille et je les apprécie tout au-
tant maintenant , au niveau de la cour d’appel. Actuellement ,
nous travaillons notamment sur la mise en oeuvre de la postula-
tion régionale qui est un vrai sujet, en particulier pour de plus
petits barreaux qui sont forcément très inquiets par rapport au
positionnement du barreau de Marseille sur leur zone territo-
riale. Je me réjouis d’avoir en permanence , dans ce ressort , des
relations très fructueuses avec l’ensemble des huit barreaux ,
bien sûr avec le barreau de Marseille, comme avec celui d’Aix-
en-Provence, de Digne, de Draguignan, de Grasse, de Nice, de
Tarascon et de Toulon !
DOSSIER
La justice est un peu le prisme
de notre société. Comme lamédecine examine
les maux du corps,
la justice voit les maux de la société.
Femmes
de justice