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Journal du Barreau de Marseille

numéro 1 - 2017

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la spécialisation est nécessaire par pôle de compétence. Par

exemple , la matière sociale est particulièrement complexe et

pour y répondre utilement, je pense qu’elle doit être une spé-

cialité. Et il faut également pour parvenir à la justice du 21e siè-

cle, savoir vraiment ce que l’on attend d’un juge. Quel est le rôle

du juge en 2017 ? Est-il là pour tout faire ou est-il là pour appor-

ter à la question posée une valeur ajoutée , en rapport avec la

formation qu’il a reçue ? Le magistrat reçoit une formation de

très haut niveau à l’école de la magistrature qui est l’un des fleu-

rons des grandes écoles françaises et que l’on exporte beau-

coup à l’étranger. Il faut qu’ensuite les litiges qui sont soumis au

juge soient en rapport avec cette formation lourde, ce qui n’est

pas toujours le cas. Il faut arriver à faire le tri, ce qui ne signifie

pas qu’il y ait des contentieux nobles et d’autres moins nobles.

Pour un justiciable, son affaire c’est souvent l’affaire de sa vie,

mais il y a quandmême des dossiers dans lesquels d’autres que

nous pourraient trouver aussi

utilement que nous la solu-

tion. Il y aussi le développe-

ment des modes alternatifs

de règlement des litiges .

Les barreaux y sont eux-

mêmes très impliqués, parce

qu’on s’aperçoit qu’au final

une solution consensuelle

sera mieux acceptée qu’une

décision qui vient d’en haut

et qui ne sera pas toujours

comprise. Donc, on le voit, de véritables enjeux sont face à nous

: réorganiser l’institution pour mieux répondre aux attentes de

nos concitoyens en réorientant le rôle et la mission du Juge.

EST-CE QUE VOUS AVEZ UN MESSAGE PARTICULIER, OU

UN SENTIMENT OU UN MESSAGE PERSONNEL À

ADRESSER À L’OCCASION DE LA JOURNÉE INTERNATIO-

NALE DES DROITS DES FEMMES ?

J’ai eu l’occasion plusieurs fois de parler avec votre Bâtonnière

de ce sujet d’une journée pour le droit des femmes. La parité

sera totalement gagnée quand il n’y aura plus besoin de faire

ce genre de journée, puisqu’on ne fait pas une journée iden-

tique pour les hommes . Pour moi faire une journée des

femmes, c’est un peu réducteur. Mais, force est de reconnaître

qu’il y a encore du travail pour arriver totalement à la parité, no-

tamment dans les postes de responsabilité. Aujourd’hui, il y a au

niveau du concours d’entrée à la magistrature, à peu près 80 %

de femmes. Il faudra peut-être développer la parité dans l’autre

sens un jour ! Mais sur les postes de responsabilité, notamment

de présidents de tribunaux , le Conseil supérieur de la magis-

trature propose plus de 40 % de femmes. C’est beaucoup

moins vrai sur les postes de premier président, parce qu’il faut le

temps pour que ce fameux plafond de verre disparaisse. C’est

pourquoi, il faut aussi avoir des actions incitatives. L’accès aux

postes de responsabilité dans la magistrature, comme un peu

dans tous les hauts postes de l’État, nécessite encore au-

jourd’hui une mobilité géographique qui n’est pas toujours

compatible avec les obligations familiales, même si, quand on

arrive à ce niveau de responsabilité, les obligations familiales ne

sont plus les mêmes qu’au début de la vie professionnelle. Le

Conseil supérieur de la magistrature travaille sur ce sujet. Les no-

minations, doivent être le reflet de la société. La parité doit être

quelque chose de naturel, et il ne doit plus y avoir de sujet à par-

ler d’une femme premier président ou d’une femme président

d’une juridiction.

MERCI BEAUCOUP. ALORS, SUR L’EXPÉRIENCE AU TGI ?

La présidence du tribunal de Marseille a été l’un des plus beaux

postes de mon parcours professionnel, parce que dans ce type

de juridiction se trouvent de grands enjeux pour l’institution ju-

diciaire. Bien sûr, la France ne peut pas être organisée unique-

ment avec des juridictions de cette taille, mais je pense qu’il y a

des questions extrê-

mement importantes

en termes de gestion

des contentieux et

puis d’efficacité de la

réponse qu’on peut

apporter dans des af-

faires de grande com-

plexité . J’entretenais

avec le barreau de

Marseille des liens très

privilégiés. C’est un

barreau extrêmement dynamique, tonique, les relations sont très

simples avec le barreau de Marseille et je les apprécie tout au-

tant maintenant , au niveau de la cour d’appel. Actuellement ,

nous travaillons notamment sur la mise en oeuvre de la postula-

tion régionale qui est un vrai sujet, en particulier pour de plus

petits barreaux qui sont forcément très inquiets par rapport au

positionnement du barreau de Marseille sur leur zone territo-

riale. Je me réjouis d’avoir en permanence , dans ce ressort , des

relations très fructueuses avec l’ensemble des huit barreaux ,

bien sûr avec le barreau de Marseille, comme avec celui d’Aix-

en-Provence, de Digne, de Draguignan, de Grasse, de Nice, de

Tarascon et de Toulon !

DOSSIER

La justice est un peu le prisme

de notre société. Comme lamédecine examine

les maux du corps,

la justice voit les maux de la société.

Femmes

de justice