Journal du Barreau de Marseille
numéro 1 - 2017
9
Avec l’accord de la famille,
le JDB partage la lettre que Robert
Badinter, ancien garde des sceaux,
a adressé le 19 janvier dernier à
Me Bruno Lombard.
« Cher Monsieur,
C’est avec tristesse que j’ai appris la mort
de votre père. Nous nous connaissions de-
puis si longtemps, un demi-siècle au
moins. Nous avons vécu bien des batailles
judiciaires, côte à côte.
Àmes yeux, Paul incarnait l’avocat des bar-
reaux du soleil où les qualités humaines
confortent les qualités professionnelles.
Car Paul avait autant de cœur que de ta-
lent. Et il jouissait d’une culture vaste qui lui
permettait de transformer par moments
ses plaidoiries superbes en morceaux d’an-
thologie judiciaire. Tous l’admiraient. Mais
très peu l’ont égalé.
Pour moi, Paul figue au Panthéon de la pro-
fession d’avocat, aux côtés des plus grands
que j’ai connus.
Je mesure aisément ce que sa disparition
signifie pour sa famille. Je vous prie de
transmettre à chacun mes condoléances
émues et de recevoir l’expression de ma
profonde sympathie.
ROBERT BADINTER
DISPARITION
DE
PAUL LOMBARD
Le barreau de Marseille rend hommage à
Me Paul Lombard, disparu le 15 Janvier
2017 à Paris, à l’âge de 89 ans et présente
ses sincères condoléances à sa famille.
Extraits du discours prononcé par GenevièveMail-
let, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Marseille
le 20 janvier 2017 en l’abbaye Saint Victor lors de la
célébration en hommage àMe Paul Lombard.
« En janvier 1983, j’avais prêté serment et avec ma promo-
tion de jeunes avocats, nous attendions à l’École des avocats
le cours de plaidoirie. Il y avait dans la classe notre Confrère
Éric Semelaigne, qui n’imaginait pas alors qu’il serait un jour
le beau fils de Lombard.
Mais le professeur qui a ouvert alors la porte, c’était Maitre
Paul lombard.
Il venait à la rencontre de ses jeunes confrères nous faire part
de son expérience personnelle.
Lorsqu’il entra, je vis son regard clair et sa crinière blanche.
Mais surtout on sentit une forte présence, car il dégageait
quelque chose,
Quelque chose de plus mystérieux que la magie du verbe
ou le rythme des mots,
quelque chose reçue comme une aura, ou plus exactement
comme une flamboyance. »
. . . « Il nous conseillait :
" Quand Le conformisme vous guettera feuilletez un livre
"La révolte sur mesure" pour vous exorciser du démon de la
complaisance. "
Il nous disait :
" Jeunes gens retenez vos pleurs - cachez vos plaies -Les
hyènes mordent ceux qui saignent, les loups dévorent ceux
qui crient "...
" L’homme ne change pas, il apprend certaines parades,
mais toute sa vie il demeure un enfant ". »
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