JDB_N4_COMPLET_2021_WEB

40 | JDB MARSEILLE 4 / 2021 MES FLORENCE LESCURE ET PASCALE HEBÄCKER Aujourd’hui, nous savons que selon la situation à laquelle l’homme est confronté, différentes zones du cerveau sont activées. Ces connaissances du fonctionnement du cerveau humain sont au cœur des neurosciences. Grâce aux recherches effectuées, nous comprenons mieux quelles zones du cerveau sont activées lorsqu’un individu est confronté à un conflit. C’est ainsi que le cerveau est schéma- tiquement organisé en trois parties qui agissent comme des organes séparés, tout en communiquant entre eux. - Le cerveau reptilien : siège de nos ré- flexes et de nos instincts primaires - Le cerveau limbique : siège de nos émotions, de nos jugements de valeur et idées reçues - Le néocortex : siège du raisonnement, de la conscience, de la réflexion Le cerveau limbique envoie des in- formations liées à des émotions au néocortex. Celui-ci met en place un processus d’analyse pour évaluer la ré- action adaptée à ces informations. Mais en cas d’émotions trop in- tenses, le lien est momentanément rompu, les informations sont inter- prétées comme des dangers. Le stress, la tristesse, la colère do- minent. C’est alors que le cerveau reptilien prend le pas sur les autres pour mettre en place des comportements primitifs de défense. Dans ce contexte, le processus de réflexion ne peut être engagé, il est comme court-circuité. En effet, sous le coup de ses émotions telles que la peur ou la colère, il est dé- montré qu’un individu ne peut raisonner et utiliser son néocortex. Il réagit instinc- tivement avant même que son système de pensée ait pu prendre une décision. Or, ces émotions sont très présentes en médiation. On le voit lorsque les parties se retrouvent après une longue période de communication hostile, voire sans aucune communication entre elles. Au cours d’une séance, lorsqu’une par- tie s’exprime sur sa vision du conflit, son cerveau peut être contrôlé par des instincts de peur, de combat, de domi- nation… bloquant le fonctionnement de son néocortex. C’est la raison pour laquelle, en média- tion, il est crucial de faire émerger les émotions, de manière à libérer l’individu et permettre l’écoute, la réflexion et le raisonnement. Des études plus récentes dé- montrent que l’être humain serait biologiquement conditionné à la né- gociation par position c’est-à-dire par opposition. Ce comportement est guidé par des ins- tincts primaires de peur, de domination ou encore de protection. En effet, au début d’une médiation, les parties sont en général en opposi- tion frontale. Il est important qu’elles puissent « vider leur sac ». Une explo- sion émotionnelle se produit alors. Ces émotions doivent être accueillies par le médiateur, autrement dit, prises en considération, verbalisées, pour per- mettre aux parties de prendre du recul par rapport à ces sentiments qui les en- vahissent. Avec l’aide du médiateur, les parties enmédiation évoluent d’unmode po- sitionnel vers un mode collaboratif. Alors, le médiateur pourra les faire évo- luer vers un dialogue constructif en uti- lisant la négociation raisonnée, laquelle s’appuie sur le sens collaboratif des parties. L’intelligence collective est sollicitée pour faire converger les parties vers un but commun : la recherche d’une solu- tion durable qui convienne à tous. En médiation, avant et pendant les séances, il est important de comprendre que les mécanismes neuropsycholo- giques conditionnent non seulement le comportement des parties mais aussi celui des avocats accompagnants. Les neurosciences sont un outil pré- cieux pour le médiateur. En effet, en s’appuyant sur la connaissance et la maitrise de ces fonctionnements et de leurs interactions, le médiateur peut in- tervenir dans l’intérêt des parties et du processus. Fuir ou attaquer sont les deux décisions primaires instinctives qui ont permis à l’homme d’assurer la survie de l’espèce. LAMÉDIATION, LES NEUROS- CIENCES ET LES 3CERVEAUX LES MARD

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