JDB_N4_COMPLET_2021_WEB

30 | JDB MARSEILLE 4 / 2021 EN DIRECT DU CNB Depuis de nombreuses années, des débats mettent en avant notre société française comme étant fracturée. Les travaux autour du projet IN/JUSTICE ont effectivement révélé un certain nombre de fractures : sociale, géogra- phique, économique, politique. Elles sont multiples et mettent en avant le difficile sentiment d’appartenance à un groupe poli- tique dans un État de droit, sentiment d’appartenance pourtant fondamental pour vivre une citoyenneté pleine et entière dans une société démocratique. L’injustice, fracture de la justice Le projet IN/JUSTICE, initié par le Conseil national des bar- reaux, fait écho à cette notion de fracture. L’injustice est pour partie l’exclusion de la justice doublée par des sentiments d’inégalités vécus par nos concitoyens, ce qui les placent en dehors de la justice. (…) Pour mener à bien ce projet, trois champs ont été explorés avec des acteurs de la société civile, permettant de mettre en lumière des fractures génératrices d’injustices. La première des fractures identifiées est géographique. L’isolement géographique induit un ressentiment, à l’origine du sentiment d’injustice. Cette sensation d’isolement n’est pas l’apanage des territoires isolés ou enclavés, elle se retrouve également très fortement dans les villes moyennes, touchées par la paupérisation, la désindustrialisation, ces villes où le lien social disparaît progressivement avec la fermeture des com- merces ou encore des services de proximité. Ces fractures géographiques sont accentuées par un aban- don, une désertification des services publics, éloignant de fait les citoyens de l’ État. De nombreux accès sont aujourd’hui limités, notamment en termes de transport et rendent difficiles la vie de nos citoyens au quotidien : l’accès aux bureaux de poste, l’accès aux centres de perception, l’accès aux materni- tés, etc. Les fermetures de ces services publics, tout comme l’évolution de la carte judiciaire, sont souvent guidées par une vision uniquement comptable de l’ État, ne permettant plus d’assurer les missions prévues pour nos concitoyens. La mise en place par l’ État d’outils numériques a été pensée comme pouvant cautériser cette fracture alors que les expé- riences effectuées tendent à montrer qu’elles fracturent bien souvent encore plus le lien social. La seconde fracture, relative à la sphère économique et sociale renvoie au travail, au statut des individus ainsi que de plus en plus au rapport à la nature . La sortie de l’économie industrielle et l’entrée dans une éco- nomie numérique pose aujourd’hui des questions majeures quant au statut du travail, à l’avenir du travail indépendant et au sentiment d’injustice que peuvent ressentir aussi bien les indépendants, les salariés que les fonctionnaires. Une très grande polarisation du marché du travail se développe, qui accélère le décrochage économique des classes moyennes et populaires par rapport aux classes aisées, qui profiteraient davantage de la mondialisation. Nous avons constaté que l’inflation normative et la complexité juridique crée ce même écueil pour les entités économiques. La dernière fracture concerne le lien que nos conci- toyens français peuvent entretenir avec les institutions démocratiques. Nous avons constaté que les fractures, géographique mais aussi économique et sociale, amplifient la distanciation du RAPPORT AUTOUR DU PROJET IN/JUSTICE LES PROPOSITIONS DU CNB Lors de sa dernière assemblée générale, le CNB a adopté un rapport dans le cadre du projet IN/JUSTICE en lien avec la campagne présidentielle que nous vous avons présenté lors du dernier numéro. Nous vous proposons de retrouver ci-dessous les principaux éléments de ce rapport : ME JEAN-BAPTISTE BLANC

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