JDB N1 2020

Vous présentez la singularité de mener de pair de longues et bril- lantes carrières d’avocat et de sportif de haut niveau. Pouvez-vous nous en dire plus ? Marc Dezeuze : J’exerce au barreau deMarseille depuis 26 années, la profession d’avocat en régime libéral. Je suis généraliste. Mon activité est essentiellement judiciaire, mais également basée sur du conseil et de la rédaction d’actes juridiques. En parallèle, je mène une carrière d'athlète, compétiteur en judo et en Jiu-Jitsu Brésilien (JJB), deux arts martiaux et sports de combat assez proches. Depuis quand pratiquez-vous le judo et le JJB ? Pourriez-vous ré- sumer votre carrière sportive ? Je pratique le judo depuis l'âge de 6 ans. J'ai ac- cédé au grade de ceinture noire à 17 ans et ob- tenu mon 4ème Dan à 27 ans. J’ai passé mon baccalauréat en section sport études judo à Marseille, avant de boucler un cycle d’études supérieures à la faculté de droit d’Aix-en-Pro- vence. J'ai été, à de nombreuses reprises, vain- queur ou sur les podiums de championnats de France, régionaux et départementaux, dans toutes les catégories d’âge. Au niveau interna- tional, j’ai remporté les JeuxMondiaux de la Paix en catégorie adultes, à l’âge de 22 ans. Depuis 2017, je participe chaque année aux champion- nats d'Europe et du Monde de judo vétérans. Au mois de juillet 2019, j’ai terminé 5ème du Championnat d’Europe de Judo vétérans, à Gran Canaria (Espagne). En 2017, j'ai débuté une carrière de compé- titeur en Jiu-Jitsu Brésilien (JJB). Depuis, j’ai notamment remporté 6 titres européens et 3 titres mondiaux, dans la fédération majeure (IBJJF), en catégorie Master 5, poids moyen, d’une part et en toutes catégories de poids confondues, d’autre part. Depuis 2018, j’ai occupé régulièrement la première place du classement mondial IBJJF, Master 5, en ceinture bleue, puis en cein- ture violette, toutes catégories de poids confondues. Je suis encore, à ce jour, numéro un mondial au classement IBJJF de ma catégorie. Qu’est-ce qui vous attire dans le judo et le JJB ? Ces deux arts martiaux sont de véritables écoles de la vie avec un code moral. Avant d’apprendre des techniques de combat, on nous y inculque des valeurs telles que le respect, la politesse, l’honneur, l’amitié, la sincérité, la modestie, le contrôle de soi, l’entraide et la prospérité mu- tuelle, ainsi que le courage. Leur principe, qui re- pose sur lemeilleur emploi de l’énergie, est d’être le plus efficace en employant le moins de force physique. Ce sont deux disciplines infiniment techniques, dont la maîtrise nécessite des an- nées de pratique régulière. Le judo et le JJB me procurent bien-être, confiance, sérénité et self- control. Ils me permettent d’évacuer le stress généré notamment par notremétier d’avocat. Quels sont vos prochains objec- tifs ? En JJB, j’ai pour ambition d’obtenir ma ceinture noire d’ici 2 ans et de remporter de nouveaux titres européens et mondiaux, en catégorie Master. En judo, j’ai pour objectif durant les prochaines années de me hisser sur les podiums européens et mondiaux en catégorie vétéran et notam- ment de remporter les World Masters Games 2021, à Kansai (Japon), compétition équivalente aux Jeux Olympiques d’été, pour les athlètes Masters (+ de 30 ans), qui a lieu tous les 4 ans. Gagner ce titre suprêmeMaster, au pays du so- leil Levant, où le judo est né, serait la plus belle récompense d’une longue carrière sportive. Quel rapprochement peut-on faire entre vos activités spor- tives et notre profession ? Il existe beaucoup de similitudes entre les arts martiaux et le métier d’avocat. Ils véhiculent chacun de grandes valeurs morales et s’ap- puient, sur un code moral pour le judo et le JJB, et notre code de déontologie, s’agissant de la profession d’avocat. Pour les exercer cor- rectement, il faut être travailleur, discipliné, courageux et avoir une âme de combattant. Ils nécessitent maîtrise, self control et stratégie. La pratique des arts martiaux et de la profession d’avocat procurent des sensations communes. Lorsque je revêts mon kimono ou ma robe d’avocat, je ressens le même sentiment d’hon- neur, de fierté, de bien-être et de sécurité. A la barre d’une juridiction, pour plaider un dos- sier, j’éprouve la même montée d’adrénaline et de stress positif que lorsque je monte sur un ta- tami en compétition. Lorsque j’obtiens un bon résultat dans une affaire judiciaire ou un dossier juridique, ou lorsque j’accomplis du travail de qualité, je ressens la même satisfaction, voire la même euphorie, que lorsque je remporte un championnat de judo ou de JJB. PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIAN BELLAIS LE 4 MARS 2020 MarcDezeuze un champion parmi nous Marc Dezeuze, avocat et sportif de haut niveau, a répondu aux questions de Me Christian Bellais. Parallèle entre la profession d’avocat et les sports de combat. SPORT 67 1 er SEMES TRE 2020 JOURNAL DU BARREAU DE MARSE I L LE

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