JDB N1 2020

AVOCAT ET NUMÉRIQUE 25 1ER SEMES TRE 2020 JOURNAL DU BARREAU DE MARSE I L LE C es sujets sont particulièrement anxiogènes pour beaucoup d’avocats qui ne se recon- naissent pas dans ces chan- gements, mais notre société a évolué, nos clients n’ont pas les mêmes habi- tudes qu’il y a 30 ans, internet est arrivé entre temps, et nous allons devoir nous adapter. Comment l’avocat doit-il se positionner dans cet environnement ? Trois ateliers se sont succédés. Les clics et l’éthique – legaltech : je t’aime, moi non plus Était invité le dirigeant de Captain Contrat qui expliquait vouloir démocratiser l’accès au droit pour les TPE/PME, partant du postulat que beaucoup de dirigeants ne savent pas vers qui s’orienter. Cet outil se présente comme « une place de marché », et donc une plate- forme de mise en relation entre des clients et des avocats sur une cible TPE/PME. Selon un sondage Opinion Way 64 % des TPE/ PME trouvent le droit complexe, 3 millions de personnes se retrouvent seules devant les questions de droit, et 86 % d’entrepreneurs pensent qu’il est difficile de trouver un avocat au juste prix. Vous imaginez bien qu’un débat animé a eu lieu et que les avis étaient partagés. Certains pensaient qu’il valait mieux des pres- tataires qui mettent en avant des avocats plu- tôt que d’autres qui veulent nous écarter. Les attentes évoluent, il faut démocratiser notre discours et le vulgariser, tout en mettant en avant que l’avocat a une déontologie, ga- rante pour le justiciable de la sécurité juridique et professionnelle. Les avocats étoilés : « j’aime/j’aime pas » Ici nous touchons du doigt l’épineux problème de la notation, puisque les avocats sont notés sur Google, ils reçoivent des avis de la même manière qu’un TripAdvisor. Rappelons que la Cour de cassation dans un arrêt de 2017 a donné son feu vert à la notation des avocats par des sites internet tiers qui devront délivrer au consommateur une information loyale, claire et transparente. N’avez-vous jamais remarqué qu’une simple recherche Google fait apparaître un grand nombre de notations sur bon nombre d’entre nous? Ne soyons pas dupes, s’en servir permet d’avoir un meilleur référencement sur les sites internet. Le process d’acquisition client se fait à 50 % par le bouche à oreilles, et ensuite à 86 % sur internet. C’est-à-dire que malgré la recom- mandation, internet représente 86 % de la prise de décision définitive. Ainsi, un joli site internet et de belles notations peuvent valoir mieux qu’une simple recom- mandation pour un client, une vitrine internet étant souvent une vérification pour s’assurer que l’avocat recommandé correspond à ce que le client recherche. La commission réfléchit aux solutions pour nous permettre de mieux ré- pondre aux avis. Combien tu m’aimes ? Du cabinet à l’entreprise Les avocats peuvent-ils recevoir des capitaux extérieurs? Pour l’instant non. Des avocats parisiens ont tenté l’expérience devant d’éventuels investisseurs en leur deman- dant d’investir dans l’évolution de leur cabinet. Pour les investisseurs la prestation d’avocat n’est pas monétisable, donc difficile d’investir avec des avocats. Un cabinet présent a précisé avoir fait appel public à l’épargne en entrant en bourse à la Bourse de Londres, et ce par le biais des ABS (Alternative Business Structures). Un ABS est une nouvelle organisation des cabi- nets de solicitors anglais qui permet : - à un "non-lawyer" (société ou personne phy- sique) d’être manager ou associé du cabinet - à un cabinet d’être détenu par un "non-lawyer" à raison d’aumoins 10% de ses parts La solution que nous avons chez nous est de créer des sociétés commerciales selon les dis- positifs de l’article 111 b) du décret n° 091-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d’avocat, c’est-à-dire une activité connexe à la profession. Quoi qu’on en dise, c’est une solu- tion non-négligeable pour l’évolution de nos ca- binets, plusieurs s’y sont penchés, et quoiqu’on en pense cela évoluera dans ce sens-là et cela réussit aux avocats qui ont osé le faire. En conclusion Le marché du droit a évolué et est en constante expansion, il faut accentuer nos formations sur ces points pour être à jour de notre univers du droit, et mettre en avant nos valeurs qui de- meurent le socle indéfectible de notre serment. OLIVIER RAYNAUD CORESPONSABLE DE L’INCUBATEUR DU BARREAU DE MARSEILLE L’avocat dans tous ces datas Le 3 décembre dernier a eu lieu à Rennes les États généraux de la prospective et de l’innovation sur le thème l’avocat dans tous ces datas. L’objectif était de mettre en avant les mutations dans la profession d’avocat. OpinionWay 64 % des TPE/PME trouvent le droit complexe, 3 millions de personnes se retrouvent seules devant les questions de droit, et 86 % d’entre- preneurs pensent qu’il est difficile de trouver un avocat au juste prix.

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