JDB N1 2020

17 Brillante avocate au cabinet du bâ- tonnier Roger Malinconi, Gilberte Merlino fit le choix de postuler pour devenir directrice de notre CARSAM. Dès sa nomi- nation et jusqu’à sa retraite, Gilberte consacra sa vie à cette institution. J’ai eu le bonheur de travailler avec elle pendant trois ans lorsque le bâtonnier Marc Ringlé me confia la présidence déléguée. Au début, elle m’initia et me fit dé- couvrir le fonctionnement de la maison, me communiquant tout son savoir. Puis se furent des échanges quotidiens au cours desquels j’ai mesuré combien Gilberte aimait notre Carsam. souhaitait qu’elle marche le mieux possible et soit respectée et pérennisée. Sous un aspect parfois austère pour ceux qui ne la connais- saient pas se cachait une femme pudique, ré- servée et attentive aux autres. Gilberte restera dans mon cœur et sera tou- jours associée avec notre Carsam. MATHIEU BAFFERT, ANCIEN PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ DE LA CARPA T ous ceux qui l’ont connue se sou- viennent de leur première rencontre avec Gilberte. Pour moi, lors de cette pre- mière rencontre, elle était surtout « Madame Merlino, directrice de la CARSAM ». Valérie, « sa » Valérie, avait prononcé ce « Madame Merlino va vous recevoir » avec respect, dé- férence. Encore aujourd’hui, certains parlent même de crainte au moment de passer la porte de son bureau. Je n’y échappais pas pour ma part, cette première fois. Elle répondit avec rudesse à ma question sur un séquestre de fonds de commerce qui lui paraissait évidente. Puis je vis son œil. Rieur, espiègle presque, qui démentait malgré elle le ton de sa réponse et la carapace d’un caractère ostensiblement ru- gueux, un œil qui voyait tout aussi. Son regard fouillait l’âme de son interlocuteur aussi bien qu’il lui permettait en quelques minutes d’ana- lyser les faiblesses d’un dossier, les risques d’un maniement de fonds apparemment conforme ou l’opportunité d’un placement. Son œil tra- hissait parfois son impatience et toujours ses nombreuses qualités : analyse, compétence, volonté, ironie, amour de l’avocat et de sa robe. Il s’allumait d’ailleurs d’une autre lueur quand elle parlait de sa première carrière sous notre robe. Tout passait dans ce regard à l’avocat qui voulait bien le soutenir. Lors de cette première rencontre, son regard finit par s’adoucir totalement tandis qu’elle répondait avec pédagogie au jeune avocat ignorant en face d’elle. J’avais passé l’examen Merlino avec succès ! Pendant les 20 années qui suivirent jusqu’à son départ, Gilberte me fit toujours la grâce et l’honneur de me conseiller avec une franchise nette et une sûreté dans l’analyse qui faisaient sa marque de fabrique. Au cours de ces années, tout administrateur de la caisse, tout Bâtonnier aussi, peut attester combien étaient précieuses et sa franchise, et sa sûreté d’analyse. Entretemps, elle était de- venue « Gilberte » et nous nous étions mis à nous tutoyer. Comme deux confrères… mal- gré son poste et notre écart d’âge. Pendant les quelques mois où, Président de la caisse, m’échut la délicate mission d’aménager sa succession avec notre Directeur actuel, Gilles Rouvier, je retrouvais, malgré la fatigue qui la gagnait, toutes les facettes de Gilberte : sa rudesse apparente, sa ténacité dans le travail, sa compétence, sa rigueur, son attachement à notre maison et… son regard. Tout passait dans ce regard aux présidents de CARPA et aux élus qui voulaient bien le soutenir. Au moment de lui rendre ce dernier salut, me revient une discussion en particulier. À quelques jours de son départ, dans son bu- reau, alors que la maison de l’avocat s’était vidée, nous parlions de l’avenir de la profession, de ses évolutions souhaitables… ou non. Elle concluait son propos en m’affirmant que tout cela n’avait plus beaucoup d’importance pour elle, qu’elle s’en fichait, que nous devrions nous débrouiller sans elle dans les mois, les années à venir et que c’était tant mieux ! Là encore pour- tant, son œil la trahissait. Elle allait quitter la maison, « sa » maison, après tant d’années de bons et loyaux services et c’était un déchire- ment ! Malgré elle, son regard criait de toutes ses forces combien elle aimait notre profession, combien elle aimait son barreau. C’est pour cette fidélité, cet attachement aux avocats, à la Carsam. à notre institution qu’il était facile fina- lement de soutenir son regard. Tous ceux qui l’ont connue se souviendront ainsi de leur rencontre avec Gilberte. Gageons qu’ils se souviendront aussi de la profondeur et la jus- tesse de son regard sur les êtres en général et les avocats en particulier. BERTRAND DE HAUT DE SIGY ANCIEN PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ DE LA CARPA LA CARPA 1 e r SEMESTRE 2020 JOURNAL DU BARREAU DE MARSE I L LE

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