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VOTRE BARREAU 9 # N1 201 9 JOURNAL DU BARREAU DE MARSE I L LE É voquer en quelques lignes, son sou- venir, est forcement réducteur, tant les facettes de sa personnalité, étaient riches et multiples. L'évoquer reste avant tout un privilège, et chacun d'entre nous est en droit de s'arroger ce droit , tant l'homme avait tissé dans son sillage, des liens affectifs, particuliers, voire exclusifs. La singularité d'Antoine Versini, son immense culture, son art de la dérision, résonnent en nous, au point de nous laisser encore sidérés par son départ si brutal. Il semble difficile également de dis- socier notre émotion et notre peine, du discours convenu qu'impose un tel hommage, tant l'Avocat exception- nel qu'il était, avait imprégné de sa Corsitude pénétrante, et de son goût immodéré pour la belle parole, notre Barreau tout entier . Il incarnait la diaspora et s'était revêtu de ses plus belles valeurs, que sont la culture, le sens de la transmission, le respect de la mémoire et enfin la fra- ternité. Aucun carriérisme dans son parcours, tribun pour ses amis, plus que pour les médias, il avait en lui la simplicité des princes et la vrai noblesse du cœur. Courageux, il n'a jamais redouté d'exprimer ses convictions lorsqu'il s’agissait d'affirmer haut et fort les droits de la Défense, ou de s'opposer à tel ou tel magistrat, ne craignant jamais son opprobre. Affronter dans les pré- toires, les divas du barreau ne le gênait pas plus, et bien souvent il les écrasait de son talent, car il maniait le verbe avec culture, élégance, et toujours avec humour. Mémoire vivante de notre barreau et de notre profession, l'homme avait gardé intact, dans ses souvenirs, les bons mots de l'un, les péripéties de tel autre, et grâce à lui nos Anciens, ne se sont jamais vraiment éteints, car il les faisait revivre, au fil d'échanges de comptoirs. Ces comptoirs qu'il se plaisait à fréquenter car ils étaient avant tout pour lui, des lieux d'échanges, et de partage, haïssant toutes sortes de mondanités. Antoine Versini restera longtemps et pour toujours dans les murs de notre maison, où ses fonctions à la Carsam, discrètes mais combien efficaces, en ont forgé l'édifice. Sa belle stature restera aussi en nos cœurs, et tel un promeneur solitaire jamais blasé, nous continuerons et pour longtemps, à le croiser, dans tel ou telle rue, proche du pa- lais, ou il aimait flâner car l'homme ne sem- blait jamais pressé. Aujourd'hui notre barreau est en deuil car nous avons perdu celui qui en incarnait son originalité et son talent. Barreau de diversité, et de cultures ou l'art de l'oralité est un préalable nécessaire, Antoine Versini s'y était totalement investi, et ce qui lui importait, avant tout, était cet « investissement de l'homme pour l'homme ». C'est cette dernière caractéristique et son humanité, que s'est plu à soule- ver, son ami Paul Teissere, journaliste à la Marseillaise, qui a animé durant des années la chronique judiciaire des grands procès. L'Avocat, tout autant que l'homme, mérite aussi nos hommages pos- thumes, car son seul souvenir magni- fie notre profession. Avocat insulaire, dans la plus pure des traditions, plaisons nous à penser qu'il a rejoint, certains de nos anciens, avec les- quels, déjà, il discute à bâtons rompus. Aujourd'hui, Antoine Versini accompa- gné des siens et de tout un cortège d'amis a rejoint son Île, la Corse, la Corse des montagnes, la plus rude, Le Niolu, dont il connaissait par cœur l'histoire et ses stig- mates. D'ici quelques jours, les champs se couvriront d'asphodèles, la neige leur aura cédé le pas. Laissons le se reposer. Le 15 janvier dernier, disparaissait notre confrère et ami, Antoine Versini. À notreAmi Antoine Versini restera longtemps et pour toujours dans les murs de notre maison, où ses fonctions à la Carsam, discrètes mais combien efficaces, en ont forgé l'édifice.

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