JDB N4-2018_WEB (1)

Journal du Barreau de Marseille 6 numéro 4 - 2018 INTERVIEW Quant à la vente par un parti politique en difficulté d’un immeuble contiguë au nôtre à un prix raisonnable, il nous appartenait d’être réactifs sur cette opportunité. En conclusion, il a bien fallu se remonter très vite les manches et sur plusieurs chapitres. Certes je n’ai jamais été seule pour agir. En cela, j’ai eu de la chance de pouvoir compter sur des confrères, une équipe et des partenaires de confiance dans un esprit collectif. Ils ont été aussi effi- caces que modestes. Alors oui, vous avez raison - comme la fille aux yeux menthe à l’eau - j’en ai fait un peu trop, j’accepte la remarque, mais admettez qu’il y en avait "un peu beaucoup". JDB - De quoi êtes-vous satisfaite? Geneviève Maillet : Sûrement et avant tout d’avoir décou- vert que le cabinet du bâtonnier est une forme de refuge qui permet des têtes à têtes profonds chargés d’émotion et de confiance. C'est un lieu unique. Il y a quelque chose en suspension dans ce bureau. Je le dis. Tant pis pour l’ironie que provoquera cette confidence. C’est pour cette raison que j’ai voulu garder la porte ouverte le plus possible. Ce bureau ressource, recharge et on en a tous besoin. Je reconnais que j’ai été surprise de la forte relation hu- maine qui a grandi autour de nos dynamiques et de la perception par les interlocuteurs extérieurs. Cela m'a fait réfléchir, progresser et évoluer dans mes convictions. En tous cas, je suis vraiment heureuse d’avoir concouru à restituer à l’avocat sa place dans la cité et aussi d’avoir donné une image dépoussiérée de notre exercice profes- sionnel. JDB : Le 9 novembre 2015, vous avez été la première femme élue bâtonnier du barreau de Marseille pour les années 2017 – 2018 et en cela, votre élection a revêtu un caractère exceptionnel qui a été souligné à maintes reprises. Vous avez pris officiellement vos fonctions lors de la cérémonie d'installation le 5 janvier 2017 et arrivez en cette fin de décembre 2018 au terme de vos deux an- nées de mandat en qualité de bâtonnier. Il nous a paru indispensable de revenir sur ces mois d'une actualité très chargée qui se sont succédés à vive allure afin de recueillir votre sentiment sur le bilan des actions réalisées pour vos confrères et la profession d'avocat. Vous avez eu un mandat bien rempli. N’en avez- vous pas fait un peu trop? Geneviève Maillet : Pour être tout à fait sincère, je n’avais pas le choix. Ce sont les circonstances qui ont commandé l'action. Par exemple ce n’est pas moi qui ai décidé de gérer le retrait des chéquiers. C’était une obligation impérative, sous peine de mise sous tutelle. De même, les travaux dans la maison de l’avocat concernant les personnes à mobilité réduite ont dû être engagés pour se conformer à une règlementation impérative... Nous en avions reçu som- mation. Aujourd’hui, les confrères dont les locaux ne sont pas aux normes peuvent recevoir leurs clients à la maison de l’avocat. Par ailleurs, je n’ai pas décidé de répondre aux contraintes de la loi sur le RGPD, il fallait le faire. De même mon année de mandat a correspondu à l’échéance de nos placements historiques de fonds propres.... On ne pouvait pas rester les bras croisés et envisager que les économies engrangées par mes prédécesseurs puissent fondre méca- niquement au fil des années. Il fallait bien prendre la res- ponsabilité de choix cruciaux : évaluer les bons conseillers. Une commission finance a été spécialement mise en place. Interview du bâtonnier Geneviève Maillet Le bureau d’un bâtonnier, le soir, cela paraît calme. Des fleurs, des trophées, un grand tableau chinois, des objets invités qui laissent entendre qu’ils ne vont pas rester. Une grosse pendule bien en place nous montre quant à elle régulièrement du doigt : on a compris que l’interview serait courte car pour Geneviève Maillet faire le bilan la met mal à l’aise. Pour elle tout a été exprimé par l’action, et elle considère avoir rempli son programme de campagne à défaut d’avoir pu mener tous les chantiers du mandat. Elle estime qu’elle peut remettre les clés comme elle les a reçues… elle utilise la formule plus rudimentaire que l’on trouve dans les toilettes. Est ce de la timidité ou de la dérision ? Elle reconnaît avoir eu de la chance avec un conseil de l’ordre et une équipe prête pour la nécessaire adaptation des circonstances. Pour elle, 2.0, c’est le passé. Une satisfaction exprimée, le “tempo a été tenu », mais elle admet toutefois que cela lui a paru court par rapport à ses objectifs et aux événements qui se sont succédés.

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