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Journal du Barreau de Marseille

numéro 2 - 2016

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L’enjeu est décisif pour l’avenir de notre profession et il

est désolant de voir que ces initiatives restent bien ti-

mides alors que la mutualisation des moyens financiers

et techniques devrait être une préoccupation centrale

pour les institutions politiques et techniques de notre

profession qui brassent ensemble, mais de façon disper-

sée si ce n’est concurrente, des budgets représentant un

montant annuel total de près de deux cent millions d’eu-

ros. Notre profession a les moyens de répondre à la

concurrence des legals-ups, mais elle ne peut y parvenir

que dans l’unité, en mettant quelques egos et autres dé-

fiances régionalistes de côté.

Sans aller jusqu’à concurrencer les « legal start-

up » quelles seraient vos recommandations pour

que les avocats s’adaptent à ce nouveaumode de

mise en relation avec la clientèle ?

Justement, n’ayons aucun complexe et décidons collecti-

vement de concurrencer ces start-up. Cela commence

par le fait d’être présent sur le web: créer le site web du

cabinet, créer le profil de chaque avocat et du cabinet sur

les réseaux sociaux, en faisant bien la différence entre la

page Facebook où l’on raconte sa petite vie en mettant

en ligne ses photos de soirée et les réseaux sociaux à

visée professionnelle qui assurent votre présence sur la

toile. Quand plus de 75 % des justiciables indiquent vali-

der le choix de leur avocat par l’Internet, autant dire que

si vous n’avez pas un minimum de visibilité numérique,

vous n’existez même pas pour tous ces clients potentiels !

Cela doit ensuite conduire à une démarche de référence-

ment, afin que les pages ou les profils que vous mettez en

ligne soient vus et « sortent » dans la première page des

moteurs de recherche quand les internautes tapent les

mots clé se rapportant à votre activité. Cela est pour l’es-

sentiel gratuit ou d’un coût modeste au regard du déve-

loppement de votre clientèle par d’autres biais.

Les avocats doivent également être plus impliqués dans la

vie de leur ordre ou auprès des confrères exerçant la

même activité afin de développer des projets mutualisés.

Je rêve pour ma part d’un GIE auquel chaque avocat pour-

rait adhérer, en payant les services qu’il consommerait à

prix coutant: création de site web, référencement, dévelop-

pement d’outils logiciels, services intranet, etc. Les start-up

doivent lever des fonds pour financer leur développement,

ce qui induit une logique commerciale de recherche de

profit au détriment de l’éthique. Les avocats peuvent eux

mutualiser leurs moyens financiers grâce aux ordres, et

développer et mettre en ligne des services partagés et per-

formants, labélisés « conformes à la déontologie ». Je suis

convaincu qu’au moment du choix, les sites de la profes-

sion auront la confiance des justiciables. Ces outils pour-

ront aussi nous permettre de répondre aux besoins de

droits que nous ne savons pas satisfaire dans une ap-

proche traditionnelle de notre métier. Mais il y a urgence

car nous prenons du retard alors que les legals-ups avan-

cent et sont chaque jour plus nombreuses et innovantes.

RÉVOLUTIONS NUMÉRIQUES

ET INNOVATIONS DES AVOCATS

DOSSI ER