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Journal du Barreau de Marseille

numéro 2 - 2016

21

I

l est peu de dire que le

quinquennat de François

Hollande laissera un sou-

venir amer à l’électorat de

gauche et aux salariés. Selon

notre gouvernement, préten-

dument de gauche, la défense

des salariés consiste essentiel-

lement à donner toujours

plus aux entreprises, à la fois

fiscalement et législativement.

Cette ligne de conduite orwel-

lienne est constante depuis

l’élection de François Hollande

et les protections offertes au

salariat par le Code du travail

sont peu à peu rabotées. En revanche, rien n’est proposé

pour remédier à la souffrance au travail, encore moins

pour y promouvoir le bien-être, limiter le recours aux

contrats précaires ou augmenter le pouvoir d’achat des

bas salaires.

Le gouvernement a porté en 2013 un premier coup aux

garanties des salariés avec la loi de sécurisation de l’em-

ploi en réduisant par exemple de cinq à trois ans le nom-

bre d’années de salaire que le salarié peut réclamer

devant la juridiction prud’homale, en permettant aux en-

treprises d’adopter des plans de sauvegardes de l’emploi

par accords collectifs —moins favorables que la loi pour

les salariés, en autorisant l’employeur à modifier des

points essentiels des contrats de travail en cas de difficul-

tés économiques avec les « accords de maintien et de sau-

vegarde de l’emploi ».

Parmi les nombreux reculs sociaux de la loi El Khomri, il

faut s’arrêter sur la disparition du principe de faveur: c’est

le droit du salarié à être protégé par les dispositions les

plus favorables, entre celles du contrat de travail, de l’ac-

cord collectif, de l’accord de branche ou de la loi. Par accord

d’entreprise, l’employeur pourrait maintenant imposer au

salarié des modifications défavorables à son contrat,

concernant notamment le temps de travail, sans qu’il ne

puisse s’y opposer et sans aucun motif économique. Le

gouvernement détruit cette fois en profondeur les acquis

des salariés et les piliers de la négociation collective.

Manuel Valls ne craint pourtant pas d’affirmer que le projet

de loi Travail, porté par Myriam El Khomri « c’est plus de

droits et plus de protections pour les salariés ». C’est mal-

heureusement tout le contraire: ces mesures ne sont cer-

tainement pas des mesures de circonstance, et ne sont

selon toute vraisemblance pas dictées par le souci de proté-

ger les salariés: il s’agit tout simplement d’un effort patient

pour défaire, par touches plus oumoins subtiles, tout ce qui

dans le rapport salarial pèse en faveur des salariés.

Laure Daviau

Présidente de la section Marseille du SAF

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SAF MARSEILLE

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